08/04/2010
Recherche Innovation

Lancement à Toulouse du pilote industriel du procédé Loïlyse

En partenariat avec l’Institut anticancéreux Claudius Regaud,
l’Université Paul Sabatier et sous maîtrise d'ouvrage de l’Association
Ampère, la société Loïra inaugure un pilote industriel, installé dans la
zone industrielle de Basso Cambo, à Toulouse. Le procédé en test
devrait marquer un tournant dans le traitement de l’eau estiment ses
initiateurs. Baptisé Loïlyse, le procédé vise à éliminer les composants
actifs chimiques les xénobiotiques, qui résistent aux techniques
actuelles d’épuration, mêmes les plus innovantes. Les résultats des
tests du pilote, prévus en juin, permettront d’équiper notamment les
hôpitaux et les laboratoires pharmaceutiques.

Sous le terme xénobiotiques sont regroupés des composants actifs, comme
les pesticides, les médicaments de type antibiotiques, anticancéreux ou
hormones de synthèse, par exemple. Très toxiques, ces substances sont
soupçonnées d’être à l’origine de nombreuses pathologies endocriniennes
et neurologiques et mobilisent de plus en plus les chercheurs. Des
études récentes ont, par exemple, montré une augmentation anormale de la
proportion d'individus femelles chez les poissons d'eau douce, dont la
cause serait le déversement de substances toxiques dans les cours d’eau,
les nappes, les rivières. Aujourd’hui, ces substances ne sont pas
détruites ou dégradées dans les filières traditionnelles de traitement
des eaux usées ; on dit qu’elles "traversent" les stations d’épuration.
Elles restent donc présentes dans les eaux usées rejetées dans le milieu
naturel, voire dans certaines eaux destinées à la consommation humaine,
après et malgré l’épuration. Aussi était-il nécessaire et urgent de
concevoir un procédé techniquement compatible avec les filières
existantes de traitement des eaux, économiquement acceptable tant en
investissement qu’en fonctionnement et d’une relative facilité de mise
en oeuvre. C’est le pari qu'est en passe de gagner la société Loïra, PME
spécialisée dans le traitement des eaux, en partenariat avec le
laboratoire des interactions moléculaires et réactivité chimique et
photochimique de l’Université Paul Sabatier de Toulouse et l’Institut
anticancéreux Claudius Regaud, et avec le concours de l’Agence de l’eau
Adour-Garonne. Ensemble, ces acteurs ont développé une technique
photochimique permettant la dégradation totale des xénobiotiques
présents dans l’eau. Un procédé qui, de plus, n’engendre aucun
sous-produit autre que des molécules organiques simples – H2O, CO2… "Les
études et les tests effectués en laboratoire, à partir des effluents
recueillis au centre anticancéreux de Claudius Regaud, partenaire du
projet, ont permis de définir les conditions expérimentales pour obtenir
la chaîne de réactions aboutissant à la dégradation, par minéralisation
complète, de différentes molécules modèles de xénobiotiques. Ces tests
ont démontré l’efficacité de la méthode, qui a fait l’objet d’un dépôt
de brevet international en avril 2009. Le pilote industriel lancé
aujourd’hui à Toulouse, signe la dernière étape de validation de cette
innovation mondiale",
souligne Jacques Debuire, fondateur de Loïra.

Le montant global du pilote industriel de Loïlyse s’élève à 600 000
euros dont 40 % sont financés par l’Agence de l’eau Adour-Garonne et 40 %
par le FEDER – Fonds européen de développement régional, dans le cadre de
son programme Protection des ressources en eau. Ce projet est aussi
soutenu par le Grand Toulouse, porté par Henri Matéos, président de la
commission eau et assainissement, qui a mis à disposition, pour la
réalisation de la phase pilote, des bâtiments dont il est propriétaire.
Un bilan sera dressé en juin pour valider définitivement les tests
industriels et ouvrir la voie à la commercialisation du procédé, avec
des perspectives d’équipement pour les hôpitaux, mais aussi les
laboratoires chimiques et pharmaceutiques.

Loïra
– 07-04-2010

201004_loilyse.jpg